Le DPE (Diagnostic de Performance Energétique) est souvent à l’affiche à cause du gigantisme du chantier de rénovation énergétique qu’il induit mais surtout par ses conséquences déstabilisatrices sur le marché immobilier, aussi bien dans la construction que la transaction ou la location.
D’ailleurs les spécifications du logiciel de mesure lui-même et le professionnalisme des entreprises habilitées à l’utiliser ont déjà été maintes fois remis en question tant le score obtenu semble discutable (sinon négociable !) et variable selon les diagnostiqueurs !
Un enjeu climatique ?
Mais plus encore que la filière économique créée par la mise en place de
cette obligation (diagnostic, conseil, rénovation, financement, …) c’est l’orientation même de ce chantier, au regard des enjeux qui était visés, qui fait douter certains professionnels.
Car si ce chantier a été initié c’est bien pour réduire l’empreinte carbone du pays où le logement pèse pour 18% des émissions de CO2 (25 % pour les transports, 23% pour l'alimentation, et environ 18% pour les services sociétaux).
Or beaucoup, tel le Conseil d’Analyse Economique (CAE) à l’issue de sa dernière étude, doutent que le DPE actuel (initié le 1° juillet 2021) soit un bon outil de prédiction de la consommation réelle, permettant de projeter les gains écologiques et financiers (économies énergie) apportés par une rénovation énergétique.
Et la composante humaine ?
Surestimation de la consommation des classes peu performantes (D à G) et sous-estimation des consommations des classes performantes (A à C), chauffage électrique défavorisé au bénéfice du chauffage au gaz, pénalisation des petites surfaces, …, les griefs portés à son encontre font douter que les classes énergétiques créées par la mise en place du DPE soient suffisantes pour prédire la consommation réelle des occupants d’un logement.
D’autant que les exemples récents ont montré que le comportement des occupants tend à s’adapter à la performance énergétique du logement, en réduisant la consommation s’il est mal isolé (et coûte cher en factures d’énergie) mais aussi en l’augmentant (pour plus de confort) s’il est performant, ce qui contrarie la baisse de consommation espérée et donc les économies d’énergie attendues.
C’est ainsi le cas en Allemagne où la consommation est restée stable malgré 340 milliards d’euros investis dans la rénovation énergétique des bâtiments entre 2010 et 2018 (changement de fenêtres, nouveaux systèmes de chauffage ou isolement des façades).
Confort d’hiver … mais aussi d’été !
Enfin, si le confort thermique est considéré comme acquis dans un logement à une température de 19° en hiver, il l’est également à 28° en été, ce qui se traduit dans le DPE par une appréciation « insuffisant », « moyen » ou « bon », des travaux pouvant être recommandés pour améliorer ce confort estival.
Mais sachant que, par exemple, l’installation d’un système de climatisation permet de garantir un bon confort d’été mais augmente la consommation d’énergie, on perçoit que conjuguer frugalité énergétique et confort toute l’année est un challenge avec des choix parfois contradictoires et que … le DPE n’a pas fini de faire parler de lui !