Il n’aura échappé à personne que ces dernières journées ont été plutôt chaudes, faisant monter la température des corps mais aussi jusqu’à échauffer les esprits tant la question de la « normalité » de ce pic de chaleur (et de ceux à venir !) est devenu conflictuelle !
Je n’entrerai pas dans ce débat mais j’en retiens que cet épisode a remplacé dans l’actualité la préoccupation du confort thermique hivernal (omniprésente grâce aux péripéties du DPE !) par celle du confort thermique estival, illustrée par des débats passionnés sur l’utilité de la climatisation !
Passoire … puis bouilloire !
Mais cette nouvelle focalisation n’est pas anecdotique car, si l’on meurt actuellement en Europe dix fois plus à cause du froid que de la chaleur, il semblerait que ce ratio doive s’inverser si les épisodes de canicule se multiplient et s’intensifient dans les décennies à venir.
Et ces deux préoccupations ont cela de commun qu’elles ramènent bien évidemment à la question de la qualité du logement qui, après devoir faire la preuve de sa sobriété énergétique pour le chauffer en hiver, devra bientôt attester de sa capacité à résister à la montée en température en été !
Il est donc à craindre que, bien avant la « liquidation » laborieuse des centaines de milliers de passoires thermiques (logements classés F ou G sur leur DPE), il faudra s’attaquer aux bouilloires thermiques avec probablement de nouvelles obligations pour les propriétaires bailleurs, sous peine de voir leur bien classé « insalubre » ?
Passoire et bouilloire antinomiques ?
Il est vrai que le sujet peut inquiéter à l’heure où l’on a dû récemment fermer des écoles et des lieux publics devenus invivables pour cause de chaleur extrême, révélant le faible niveau de préparation de notre pays aux épisodes de forte chaleur (seulement 25% des ménages équipés de climatiseurs), à contrario d’autres pays tels les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud, où neuf foyers sur dix disposent de l'air conditionné !
Mais le débat ne se limite pas à l’utilisation de la climatisation, décriée par ceux qui jugent qu’elle ajoute encore de la consommation électrique, et se portera également sur les caractéristiques des logements pour lesquels le DPE, depuis la réforme de 2021, évalue déjà le confort d’été d’un bien sans climatisation (confort d’été passif), en le classant « insuffisant », « moyen » ou « bon ».
Et avec une prise en compte plus poussée du confort d’été on risque de devoir intégrer des contraintes contradictoires car si l’on veut garder la chaleur à l’intérieur en hiver, on risque de ne pouvoir facilement la dissiper en été, le cas des baies vitrées et de l’exposition plein sud en étant quelques exemples !
Contradictions et anticipation.
Sachant que même presque 1/3 des logements classés A en performance énergétique sont jugés “insuffisants” en termes de confort d’été, on imagine alors les travaux kafkaïens qui devraient parfois être engagés si cette norme devenait contraignante !
Connaissant la propension de nos administrations à édicter de nouvelles normes, il parait donc sage, dès lors de l’achat d’un bien de juger de l’adaptation du bien aux fortes chaleurs : fenêtres équipées de volets extérieurs ou de brise-soleil, bonne inertie thermique, logement traversant, présence de brasseurs d’air, …