Difficultés pour se loger : on se trompe de cible ?

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Publié par Wizi le 25/09/2022, modifié le 10/10/2022.

Peu ou pas de biens disponibles à l’achat et à la location, prix des loyers et des biens en constante augmentation, de plus en plus de résidents de régions touristiques s’insurgent contre un bouleversement de leurs conditions de vie qui les empêche … d’y vivre !

Ainsi les dernières manifestations en date, mobilisées à l’initiative de quatre collectifs bretons pour l'accès au logement, se sont déroulées samedi 10 septembre en bretagne à Douarnenez et Concarneau (Finistère), Vannes (Morbihan) et Lannion (Côtes-d'Armor).

Leur demande : classer la Bretagne en zone tendue ! Une bonne idée ?

Des moyens d’action en zone tendue.

Le classement d’une ville ou d’un territoire en zone tendue, qui nécessite un décret, permet notamment aux municipalités d'imposer un encadrement des loyers, une fiscalité complémentaire sur les logements vacants et les résidences secondaires, et une régulation des locations touristiques de courte durée.

L’objectif des mesures appliquées en « zones tendues » est bien sûr d’accroître l’offre de logements. Il s’agit bien de redonner la possibilité aux populations locales de louer ou d’acheter au plus près de leur lieu de vie et de continuer à faire vivre et prospérer le tissu social et économique de villes devenues invivables.

Mais en encadrant les loyers ne risque-t-on pas de décourager encore plus les rares propriétaires bailleurs qui s’accrochent encore à la location longue durée ?

Mieux vaut s’attaquer aux causes plutôt qu’aux conséquences !

Car une des spécificités des zones tendues que retiennent la plupart des locataires et propriétaires est le principe de l’encadrement et du plafonnement des loyers. Mais une hausse des loyers (et des prix de vente d’ailleurs !) n’est-elle pas plutôt la conséquence d’un déséquilibre entre l’offre et la demande ? S’il y avait profusion de biens à louer et à vendre devrait-on se préoccuper de limiter une hausse des prix qui n’existerait probablement pas ?

La hausse des prix est issue d’une raréfaction des biens sur le marché du locatif et de la vente. Un encadrement des prix bloquerait bien sûr cette tendance haussière, mais ne développerait pas l’offre locale dont la réduction progressive constitue le cœur du problème de logement : il ne satisferait pas le besoin de logement des acteurs locaux, mais bien au contraire, il diminuerait l’offre avec la sortie du marché de bailleurs locaux dont on aurait amputé la rentabilité locative !

Des solutions ?

Plutôt que de réclamer un classement en zone tendue qui ne répond pas complètement au besoin de logement en imposant un encadrement des loyers ne devrait-on pas imaginer des dispositions qui attaquent directement les causes principales de cette situation : multiplication des résidences secondaires, développement anarchique de la location saisonnière ? Et même d’ailleurs, plutôt que de les décourager, ne devait-on pas encourager les propriétaires à rester ou revenir en location longue durée ? Car on peut empêcher un propriétaire d’augmenter son loyer, on peut le dissuader de passer en location saisonnière ou de laisser son logement vacant, mais on ne peut lui interdire de vendre !

Heureusement d’autres propositions se font jour visant à reprendre seulement certaines des dispositions spécifiques des zones tendues (surtaxe des résidences secondaires, taxation des logements vacants, obligation de changement d’usage) et en ajouter, telles que la limitation de la location touristique au logement principal et même … un statut de résident réservant l’achat de logements ou de terrains aux personnes habitant le territoire depuis un certain temps.

Nul doute que ces dispositions ciblées, si elles étaient appliquées, mettraient fin à une raréfaction de l’offre, feraient baisser les prix et pourraient rendre progressivement des pans entiers du territoire … à leurs véritables habitants.

Affaire à suivre !

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