Selon les estimations officielles, il restait encore, à fin 2023, plus de 600.000 logements classés en G dans le parc locatif et, en pleine crise du logement et dans un marché locatif déjà extrêmement tendu, le risque de voir ces « passoires thermiques » sortir du parc ne peut qu’inquiéter.
Car le calendrier de la loi « Climat et résilience » n’ayant pas évolué tous ces logements encore classés G par leur DPE seraient donc interdits à la location dès le 1° janvier 2025 … à moins que les autorités modèrent leur ambition !
Un chantier trop ambitieux.
Au début 2018, les observateurs estimaient à 700 000 le nombre de logements du parc locatif privé classés en G par leur DPE, ce qui montre le fossé entre les prévisions et le réalisé en 5 ans et donc l’utopie de pouvoir rénover un tel parc en si peu de temps.
Car les obstacles se cumulent depuis le lancement de ce chantier national, largement amplifiés par la pandémie du Covid19 et les conséquences économiques qui ont suivi, ralentissant le rythme des travaux tout en augmentant leur coût.
Les déboires du logiciel établissant des notes contestables lors du diagnostic, la stigmatisation des petites surfaces dans son algorithme, les notes contradictoires de différents diagnostiqueurs jetant un doute sur leur professionnalisme, … ont de plus jeté un voile de suspicion sur un projet plus ambitieux que réaliste.
Des pistes pour corriger le tir.
Devant l’évidente impossibilité de réaliser le chantier à date et donc du risque avéré d’aggraver encore la pénurie de biens à louer, il existe heureusement bien des solutions mais dont la mise en œuvre devient maintenant hypothétique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale du 9 juin 2024.
C’est ainsi que le Sénat proposait en mai de revoir le calendrier et repousser à janvier 2028 l’échéance actuelle, mais aussi que le Ministère du logement envisageait de clarifier la loi en n’interdisant la location que pour les nouveaux baux ou encore en accordant un sursis aux copropriétés qui auraient déjà voté les travaux.
Il existe donc des pistes simples pour adapter ce chantier pharaonique et éviter de sortir du marché locatif, dans 4 mois, un nombre important de biens dont les sénateurs estiment la part du marché à 18 %.
Trop tard ?
Malheureusement le temps ne joue pas en faveur d’une correction rapide car non seulement aucune structure de gouvernement n’est aujourd’hui en place (et peut-être pas prêt de l’être !) mais encore que la couleur politique et donc l’orientation de la future politique du logement est bien incertaine !
Mais comme il faut être optimiste (et réaliste ?) gageons que, devant une telle catastrophe annoncée pour le logement des Français, le bon sens reprendra le dessus et qu’un plan B sera mis en œuvre avant l’échéance et ce … quel que sera le futur gouvernement !