Parc locatif : la grande pénurie ?

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Publié par Wizi le 30/08/2022, modifié le 04/09/2022.

Après le blocage des loyers, le 24 août dernier, des biens classés en F et G voici venu le temps de l’interdiction de louer.

En effet, dès le 1° janvier 2023, les 140 000 logements classés G sur leur Diagnostic de Performance Energétique (DPE) et dont la consommation d’énergie finale dépasse les 450 kWh par mètre carré et par an seront tout simplement interdits à la location !

Déjà un déficit de biens à louer !

Pourtant il y a bien longtemps que le marché de l’immobilier locatif n’a pas été si contraint. Blocage et encadrement des loyers, gel de l’Indice de Référence des Loyers (IRL) à 3,5%, obligations de travaux de rénovation énergétique lourds et coûteux, augmentation des impayés, … la pression sur les propriétaires bailleurs n’en finit pas de croître. Il n’en fallait pas tant pour décourager de nombreux propriétaires bailleurs et les faire s’interroger sur la pertinence et la rentabilité d’un modèle de location longue durée si contraignant.

Ainsi de nombreux biens ont déjà quitté le parc locatif, rendant la recherche de logement de plus en plus difficile pour les locataires. Il suffit, pour s’en convaincre, d’observer la diminution du nombre d’annonces pour des biens à louer au profit de biens à vendre !

Des effets pervers !

Mais cette interdiction imminente de louer pour ces 140 000 logements met au pied du mur bien plus de propriétaires. Car tous n’ont pas, malgré les aides d’état, les moyens financiers d’assumer les travaux requis. Mais, plus encore, comment organiser et lancer des travaux souvent conséquents quand on connait les délais d’approvisionnement des artisans, leurs calendriers déjà surbookés et leurs difficultés de recrutement. Après les bouleversements de 2 années de pandémie, une obligation de mise à niveau d’une telle ampleur ne pouvait tomber aussi mal ! Car toutes les alternatives qui s’offrent aux propriétaires bailleurs se feront au détriment du parc locatif de longue durée.

Ainsi il faut savoir que la décence ne s'applique pas au propriétaire occupant. Vendre le bien dispense donc le futur propriétaire occupant de l’obligation de mise en conformité de sa « passoire énergétique » ; d’ailleurs les agences immobilières ont déjà constaté un afflux de passoires thermiques mises en vente.

Louer en saisonnier permet également d’échapper à l’interdiction de louer et à l’obligation de travaux. Nul doute que de nombreux propriétaires, déjà tentés par cette activité souvent plus lucrative, non soumise à la réglementation énergétique ni d’ailleurs à l’encadrement des prix, franchiront le pas.

Laisser vacant le bien est enfin l’option ultime permettant, pour ceux qui le peuvent financièrement, d’attendre des jours meilleurs en espérant que la réglementation si changeante ou le contexte économique redeviennent plus favorables.

Un déficit de biens à louer condamné à se creuser !

Ainsi donc, la mission quasi impossible de remettre à niveau au 1° janvier 2023 les premiers 140 000 biens concernés aura pour effet pervers d’exacerber la pénurie chronique du parc locatif de longue durée. Et les échéances qui suivent, 1° janvier 2025 pour le reliquat de biens classé G, puis 2028 pour les F, et enfin 2034 pour les E, ne permettront pas de rattraper tout retard pris en 2022.

Autant dire que le thème de la difficulté de se loger n’a pas fini de faire la une des journaux … jusqu’à peut-être une prise de conscience du rôle social indispensable des propriétaires bailleurs et un assouplissement de l’encadrement réglementaire de leur activité !

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