Être propriétaire bailleur aujourd’hui, c’est un peu comme participer à un bal où personne ne vous a invité car si on vous tolère, c’est souvent avec méfiance.
Pourtant vous offrez un toit mais vous êtes malgré tout soupçonné d’en tirer un trop grand profit, comme si gagner sa vie en logeant autrui était devenu suspect !
Mr. Hyde …
Car le bailleur, c’est ce personnage quasi mythique du "propriétaire profiteur", qui joue la montre pour expulser, qui traite l’habitat comme un placement, et non comme un lieu de vie. Dans l’imaginaire collectif, il incarne souvent l’avidité froide, celle de celui qui possède et décide, alors que tant cherchent un toit.
Toujours à pleurer misère alors qu’il encaisse des loyers sans lever le petit doigt. Des logements mal isolés, des hausses injustifiées, des cautions non rendues, des travaux repoussés… et c’est lui qui se pose souvent en victime ?
Il est vrai que le fait que 3,5% des ménages détiennent 50 % des logements en location possédés par des particuliers (Insee - édition 2021) alimente l’image du riche propriétaire rentier, au détriment de celle de milliers de petits propriétaires souvent moins nantis que leur locataire.
… ou Dr. Jekyll !
Mais, derrière ces bailleurs, il y a souvent quelqu’un qui rembourse un crédit, répare une fuite, fournit un équipement pour le logement, attend un virement qui ne vient pas, …
Et ils louent souvent un unique bien, hérité ou économisé, pas un parc immobilier de luxe et suivent (subissent !) les réformes, les diagnostics obligatoires, les aides floues, les contraintes nouvelles, ...
Car on oublie que les propriétaires bailleurs sont souvent des gens modestes dont environ 30 % sont non imposables et que chaque nouvelle obligation ou imprévu, comme un impayé de loyer ou une nécessaire réparation, les plonge dans de grandes difficultés financières et parfois personnelles.
Ni Dr. Jekyll et ni Mr. Hyde ?
On comprend que les médias soient tentés de forcer le trait en mettant en exergue les cas les plus extrêmes (le buzz toujours le buzz !) mais il faut admettre que tous ces bailleurs sont indispensables pour assurer cette mission d’hébergement de millions de familles.
Ni Dr. Jekyll ni Mr. Hyde, ni ange ni démon, le propriétaire bailleur est seulement tiraillé entre son rôle social, ses devoirs légaux, et une opinion publique qui ne voit que la rente, jamais la responsabilité ni l’engagement … et le juge en bloc !