Propriétaires, locataires : ni anges, ni démons !  

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Publié par Wizi le 04/12/2022

Depuis quelques mois les difficultés liées à la sortie (on l’espère !) de la pandémie de covid puis maintenant les conséquences de la guerre en Ukraine bousculent les équilibres de notre société et son économie.

Pour pallier les effets de ces bouleversements les autorités, le monde politique mais aussi les associations et organisations (gouvernementales ou non) rivalisent de propositions visant à protéger et soulager telle ou telle catégorie de citoyens, solutions souvent partisanes qui électrisent les débats.

Et le monde de la location immobilière n’y échappe pas !

Gentils locataires, méchants propriétaires !

L’inflation et l’envolée du coût de l’énergie démultiplient le nombre de foyers modestes en difficulté pour s’acquitter de leur loyer et des charges associées, le poste de coût le plus lourd de leur budget.

Mais le dernier portrait social de l’Insee (édition 2021) révèle qu’environ 1/4 des propriétaires possèdent les 2/3 du parc de logements privés. Et, qu’au-delà, 3,5% des ménages détiennent 50 % des logements en location possédés par des particuliers.

Focaliser l’attention sur cette répartition du patrimoine locatif alimente l’image du riche propriétaire rentier, au détriment de milliers de petits propriétaires souvent moins nantis que leur locataire.

Pas étonnant donc que se multiplient les mesures qui impactent les propriétaires bailleurs : blocage des loyers élargi par l’extension des zones tendues, plafonnement de l’IRL à 3,5%, envolée de la taxe foncière, ...

Gentils propriétaires, méchants locataires !

Mais de plus en plus de propriétaires bailleurs se retrouvent également en difficulté devant des situations d’impayés et de dégradations, ou complètement impuissants devant leur bien squatté par des occupants bien mieux informés qu’eux de la réglementation.

La Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) rappelle d’ailleurs régulièrement que les propriétaires bailleurs sont souvent des gens modestes dont 30 % sont non imposables. Et qu’en cas d’impayé (près de 3% pour 1% avant la crise du covid) il faut supporter jusqu’à 2 années supplémentaires d’impayés et de procédures avant de pouvoir récupérer son bien.

Les médias, friands de ces situations extrêmes, ont donc multiplié ces derniers mois les reportages sur ces propriétaires en détresse, exsangues financièrement, jusqu’à pour certains devoir dormir dans leur voiture devant leur propre bien, pourtant occupé illégalement.

Pas étonnant donc que de nouvelles propositions de loi telles que celle du député Guillaume Kasbarian, discutée en ce moment à l’Assemblée nationale, essaient de limiter l’impact de ces situations en pénalisant encore plus les squatters et les occupations illégales, et en cherchant à limiter la durée des procédures de traitement des impayés.

Ni gentils, ni méchants !

Il est compréhensible que, pour obtenir la faveur des médias, de l’opinion publique, et donc des pouvoirs politiques, il soit tentant de forcer le trait en mettant en exergue les cas les plus extrêmes : pour convaincre il faut émouvoir !

Mais à trop se focaliser sur les situations extrêmes on prend également des décisions excessives qui devront être corrigées par … d’autres décisions excessives contraires !

La majorité des locataires comme la majorité des propriétaires sont honnêtes et de bonne volonté, les opposer n’en sert aucun. Une débauche de mesures en faveur des uns PUIS des autres ne sera jamais plus efficace qu’un ensemble de mesures concertées en faveur des uns ET des autres ... ce que Mickaël Nogal avait essayé sans succès en 2020 avec sa proposition visant à pacifier et sécuriser les relations entre propriétaires et locataires !

Une autre fois peut-être ?

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